2025 / 15 : CRÉER UN NOUVEL HORIZON
- septembre 18, 2025
- by
- Mathilde Vermer
Avant de tout repeindre en bleu, de convertir les paysages en cubes, de s’amuser à déformer les visages et les corps, Picasso, fils d’un conservateur de musée, a suivi un enseignement exigeant. Avec assiduité, il a pris des cours de peinture, il a étudié et copié les chefs d’œuvre, il a aiguisé son œil et son pinceau. Son rapport révolutionnaire à l’art est né d’un dialogue avec les classiques. Il a été capable de bousculer les normes picturales parce qu’il les connaissait parfaitement. Ses œuvres nous invitent au même mouvement, reconnaître les traditions dont on hérite, s’affranchir des codes, changer de regard sur le réel, assumer une vision singulière pour créer et s’exprimer.
Maria Callas a connu tôt le succès, avec sa voix divine – et pourtant le succès précoce ne peut effacer le travail dès l’enfance, un travail intense, obstiné, pour progresser vocalement, pour se transformer en virtuose de l’art lyrique. Elle était prête à tous les sacrifices pour devenir une artiste exceptionnelle – et sa dévotion à la musique a payé en retour, par une carrière magistrale suscitant la ferveur partout sur la planète. Sa voix attirait les foules, parce qu’elle tissait, et tisse encore, des liens entre le visible et l’invisible, entre la terre et le ciel. Son talent de cantatrice et de tragédienne était l’occasion de s’approcher de ces endroits intimes où se mélangent la blessure et la consolation, le désespoir et l’appel à la transcendance.
Surnommé le « seigneur de la danse », resté dans les mémoires comme un immense danseur et chorégraphe, Rudolf Noureev fut d’abord un artiste discipliné, acharné, curieux, formé dans les meilleures académies, travaillant avec les troupes de ballet les plus réputées pour acquérir une technique pointue et une sensibilité acérée. Ses expériences lui ont permis d’avoir un parcours unique, prenant des risques, renouvelant les répertoires, déployant aussi son talent dans la danse contemporaine. Avec Noureev, le monde a redéfini la notion de grâce. Il y a une telle beauté dans son art – une beauté qui agrandit le regard, qui ouvre des espaces de lumière en soi, qui rappelle que le contact avec le sublime remplit et fortifie.
Alors que notre époque suscite l’anxiété, pensant à ces figures majeures et à bien d’autres, pensant à leurs œuvres, je me dis que la parole des artistes manque dans nos débats actuels. Pour répondre aux problèmes de notre temps, nous avons besoin d’un horizon neuf, détaché des réflexes rigides du passé. Tout comme nous avons besoin de lumière et de poésie pour récupérer une dose de confiance et l’envie d’agir ensemble. Enfin, nous avons besoin de grâce, de beauté, de communion – pour nous souvenir que les chantiers à mener doivent se faire au nom de l’amour de la vie.
L’avenir tape à la porte, il réclame des idéaux généreux, un engagement pour le vivant, une passion comme celle des artistes qui se donnent à leur art, à leur public.
> Cette chronique fait partie de la série 2025, nommée « Accalmie ». Une série pour explorer les voies vers la paix, pour oser l’apaisement, la réconciliation, la détente, l’embellie, la main tendue… Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.
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📷 © Marine Lécroart Photographies




