Chronique de l’Ailleurs n°12 – QUITTER LE RING ?
- avril 20, 2017
- by
- Mathilde Vermer
Le temple presse et les phrases assassines se multiplient. Il y a, chez tous, une volonté de salir l’adversaire, démolir la concurrence, enterrer les rivaux.
Ce spectacle m’épuise et m’interroge. La démocratie est-elle un ring de boxe ? Faut-il cracher sur les autres camps pour arriver au pouvoir ? Quels effets découlent de cette communication, au niveau le plus haut, sur les relations entre citoyens, à tous les niveaux ? Qui pourrait ressentir de la fierté à prendre pour modèle ces manières grossières de s’emparer d’un trône ?
Les élections comme miroir grossissant de nos lâchetés, notre irrespect, notre appétit pour la vengeance, notre soif de sang et de drame ? Et si on rebattait les cartes, si on changeait de fonctionnement ? Si on allait trouver ailleurs des idées pour que l’arène politique soit le lieu d’un débat plus constructif ?
Je sais qu’il y a eu des expériences intéressantes en Islande – sans pour autant connaître les détails. En revanche, j’ai quelques notions de ce qui se passe en Suisse.
Au sein de la Confédération Helvétique, les décisions sont :
1/ davantage locales
2/ toujours collégiales
3/ souvent participatives
Un mot sur chacun de ces trois points.
D’abord, est posé dans la constitution de laisser une grande marge d’action aux « échelons inférieurs ». Ainsi, les communes ont un vaste champ de compétences (éducation, protection sociale, infrastructures, énergie, etc) puis c’est les cantons (fiscalité, hôpitaux, police, justice, etc) puis le niveau fédéral (politique extérieure, monnaie, défense). L’idée est de régler le problème là où il se pose, et surtout de laisser de la liberté aux acteurs locaux. L’éducation n’est pas la même partout, par exemple – en fonction des sensibilités culturelles locales.
Ensuite, au niveau exécutif fédéral, le pouvoir est exercé par un conseil de 7 membres. Les décisions sont issues de consensus. Les membres, qui appartiennent à divers partis, sont obligés de dialoguer et de travailler ensemble. De cette façon, le pouvoir est moins personnalisé et moins conflictuel. On cherche avant tout des terrains d’entente, favorables à la nation.
Enfin, les citoyens s’expriment régulièrement sur les décisions politiques, à travers des référendums ou votations. En outre, une initiative populaire peut permettre l’adoption, la révision ou l’abrogation d’une disposition constitutionnelle. Dernière carte dans les mains de la population : 100 000 citoyens peuvent demander à l’Assemblée fédérale de légiférer sur un sujet donné. Tout cela pour que la classe politique n’ait pas le monopole de la gestion du collectif.
Soyons clairs pour finir : je n’ai aucune fascination pour le modèle suisse en général. Je ne suis pas sûre que ce pays soit exemplaire en tout point. Je trouve en revanche que son système démocratique est intéressant, et inspirant.
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Et vous, vous connaissez d’autres systèmes démocratiques inspirants ?
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Photo : Combat entre George Foreman et Muhammad Ali, à Kinshasa, le 29 octobre 1974