2024 / 11 : SUR TOUS MES CHIFFONS D’AZUR
- juin 06, 2024
- by
- Mathilde Vermer
Dans la caverne souterraine, les mains tâtonnent, les pieds titubent, les yeux clignent, rien pour discerner les choses et les gens. Avec le jeu des ombres, tout est effrayant. Platon dit : il faut sortir. Quitter l’obscurité, remonter à la surface, retrouver la vérité de ce qui se contemple avec les rayons du soleil.
Tous les lycéens ont étudié l’allégorie de la caverne, acquiesçant distraitement à cette histoire d’illusions qui s’évanouissent à la clarté du jour. Pas vraiment concernés par ce bla-bla sur la connaissance qui libère.
« Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom »
Les lycéens inévitablement grandissent. Ils deviennent ces adultes absorbés par la course que réclame le monde. Plus le temps de se plonger dans la philosophie, la littérature, la poésie. Pas l’espace pour en percevoir la beauté, la subtilité, la pertinence. Le réel est trop dense, les propos des écrivains semblent trop compliqués, trop abstraits, trop lointains.
Et puis, le voile se déchire. Une rupture, un deuil, un échec. Les fragiles certitudes craquèlent et s’effondrent. Les questions, gentiment tapies dans l’invisible, s’imposent. Vient l’heure de repenser le rapport à la vie, s’arrêter pour réfléchir au pourquoi de son incarnation terrestre. Revenir aux enseignements de l’antiquité grecque ?
« Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom »
En philo, en terminale et après, mon préféré était Sartre. Et je crois que c’est toujours à lui que je reviens, fidèle à sa pensée sur la liberté. Sur la responsabilité vertigineuse de faire ses propres choix, en payant le prix qu’ils exigent.
Il faut du courage pour s’arracher à la nuit, épouser le jour étincelant et s’approprier sa libre destinée. Retirer les vieilles habitudes, s’affranchir des conditionnements tenaces, lâcher les histoires qu’on ressasse, humblement s’emparer d’une boussole et retourner à son centre.
« Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom »
Toute vie humaine est perpétuellement à raviver.
Tout instant s’offre éternellement neuf et prometteur.
Si tout est possible, alors quel chemin vais-je emprunter ?
Quoi faire, que dire, qui aimer ?
« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. »
> Cette chronique a été publiée l’an dernier… Je la diffuse à nouveau, alors que mon esprit tourbillonne avec des questions similaires. Elle rejoint ainsi la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu non comme un fardeau, une épreuve subie, mais comme un appel intime, vers une vie pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.
> Dans ce texte, toutes les références, et le titre, sont signés Paul ELUARD – pour des extraits de ce poème envoutant « Liberté », d’abord publié en avril 1942, dans le recueil clandestin « Poésie et vérité ».
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