Facile d’oublier dans le tumulte. Entre les enfants, le boulot, les engagements divers, les papiers à gérer, le frigo à remplir, la lessive à lancer, l’organisation du Noël familial… Très facile d’oublier qu’une existence dure le temps d’un claquement de doigts. Qu’on ne peut pas revenir en arrière. Que les occasions manquées ne se présentent pas une seconde fois.

Et même, quand on n’oublie pas, comment modifier ses actions pour intégrer cette conscience que la vie est par essence éphémère ? Plusieurs idées viennent spontanément à l’esprit. Profiter de chaque journée, oui. Se battre pour ses rêves, oui aussi.

Peut-être cette conscience permet également de se décentrer, prendre du recul par rapport à nos enjeux personnels. Se rappeler que dans le bref espace passé sur terre, on a le choix : ajouter à notre époque une dose d’amour ou participer au délitement mortifère.

Le choix se joue plusieurs fois par jour. Quand on sourit à une personne inconnue. Quand on salue avec respect le chauffeur du bus. Quand on file un coup de main à la voisine pour déboucher son lavabo. Quand on emmène les enfants d’une amie en balade. Quand on refuse de critiquer méchamment un collègue, un prof, une personnalité qui affiche une manière singulière de construire sa trajectoire. Quand on contribue à résoudre un problème au sein de l’association qu’on fréquente. Quand une gamine prête ses jouets à une autre. Quand un amoureux répond présent pour épauler la personne aimée. Il y a mille possibilités de s’ouvrir à une dimension plus large de l’amour, de l’incarner au quotidien.

Je ne vois pas dans le choix d’amour un choix moral. J’y vois plutôt un levier très concret de faire bouger les lignes et d’en récolter les fruits. L’amour qu’on verse dans le monde se démultiplie et nous revient. Montrer plus de respect envers les gens qu’on croise dans nos diverses sphères fluidifie les interactions. Être plus patient et plus bienveillant avec son entourage conduit à être davantage solidaire, complice, heureux ensemble.

Conviction, je crois commune à vous et à moi : à l’heure du grand départ, l’important sera les souvenirs vécus à plusieurs, toutes ces tempêtes traversées ensemble, tous ces fous rires partagés, toutes ces conversations cœur à cœur qui auront mis des larmes au bord de nos yeux.

Alors aimons, intensément, urgemment, car oui, le sel de la vie réside dans nos cœurs unis.

> Cette chronique appartient à la série 2025, nommée « Accalmie ». Une série pour explorer les voies vers la paix, pour oser l’apaisement, la réconciliation, la détente, l’embellie, la main tendue…  Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.