Auteure | Conférencière | Coach

Chronique de Nos Vies n°35 – JUSTE POUR LE PLAISIR

Étudiantes, entre Lou et Betty, c’est un jeu. Échanger entre deux portes, entre deux cours, mine de rien, des pages photocopiées. Comme s’il s’agissait d’un produit dangereux, comme si la substance était toxique. Bouffée d’adrénaline. Leur secret, ce jeu entre elles deux.

Pendant le cours, mine de rien, avec le cœur qui bat à toute allure, avec la peau qui frémit, avec la respiration qui s’accélère, elles se mettent à lire les feuilles échangées. Le prof, bien sûr, ne se doute de rien, il pontifie sur un sujet de droit ou d’histoire, imperturbable aux sensations qui montent dans les corps de Lou et Betty.

Le soir, seule, ou pas, sous la couette, chacune relit. Savourer les mots défendus, ceux d’Anaïs Nin, de Georges Bataille, de Guillaume Apollinaire, plonger dans l’univers velours, parfum ambré, dentelles, lumières tamisées, satin, laisser l’imaginaire devenir vaste et sauvage. Frôlements, bruissements, frottements… Et la chaleur qui se propage, et les vagues qui enivrent, et l’appel du désir… Ah ces pages noircies, ces banales photocopies, quels trésors… Des feuilles qu’elles collectionnent, une littérature qu’elles se font une joie d’explorer, de s’approprier, loin des injonctions à être polie, jolie, rangée.

Passe le temps. La fin des études, décrocher un job, naviguer dans le quotidien urbain, pressé, connecté. Jusqu’à ce fameux mois de novembre. Celui de 2015. Celui qui met une claque à des millions d’habitants. Lou et Betty, comme les autres, chavirent sous le choc. Betty, alors, repense à ces livres interdits et délicieux. Elle inspecte sa bibliothèque, trouve un des bouquins, sélectionne un extrait puis appelle Lou. Au téléphone, elle lui lit l’extrait. Un texte ardent, rouge, sucré. Éros pour contrer Thanatos. En raccrochant, Lou va un peu mieux, et Betty aussi. Éros, c’est la pulsion de vie. C’est l’antidote à la violence et à la mort.

Dans les semaines qui suivent, les deux amies reprennent le jeu de leurs années étudiantes. Elles repartent dans cette quête de textes incandescents pour allumer, étoffer, déployer leur sensualité et leur liberté. Par mail, par sms, par répondeur interposé, elles s’amusent à échanger leurs trouvailles. Dans la foulée, surgit l’idée : partager leurs trouvailles avec d’autres, lancer un podcast autour de cette vivifiante littérature de la passion… Susurrer les mots dans un micro. Les faire circuler dans les têtes. Les répandre dans les villes. Libérer les élans. Reprendre ainsi le vieux slogan hippie : l’amour, pas la guerre. Voilà, ce sera leur action militante. Leur action de résistance. Diffuser les phrases de l’amour quand il devient sensible, tangible, hédoniste.

Le podcast existe depuis deux ans. Il s’appelle « le verrou ». Il est à croquer – sans avoir à patienter, et sans aucune culpabilité.

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En savoir plus : http://www.le-verrou.fr/
Crédit photo : Clémence Demesme

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Pour changer le monde : changeons les récits qui circulent. J'ai à coeur de remettre joie, beauté et optimisme dans les imaginaires collectifs.

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