Chronique de Nos Vies n°4 – DES MAINS ET DES PIEDS
- février 01, 2018
- by
- Mathilde Vermer
Brûler un bâton d’encens, allumer des bougies, arranger table et serviettes, caler la musique, veiller à ce que la salle soit à la bonne température, que la lumière soit douce. Tout pour que le lieu soit chaleureux, une bulle, un endroit hors du vacarme. Ensuite, il y a l’échange de quelques mots avec la personne qui arrive de son quotidien, avec ses douleurs de dos, son stress, ses soucis. Évidemment, après, c’est le massage.
Coline raconte son métier. Comment elle est devenue experte dans l’art du toucher. Comment elle décrypte les muscles et les conduit vers le relâchement. Comment elle adapte ses mouvements pour débloquer les tensions qu’elle sent sous ses doigts. Comment elle-même navigue dans un état proche de la méditation, un état de grand calme, pour masser. Comment les clients sortent des séances, après ce contact qui les nourrit à un niveau très intime. Comment cela reste révolutionnaire de donner cela aux gens, du contact physique. Comment c’est important pour chacun, littéralement, de se sentir bien dans sa peau.
Coline adore quand une personne s’endort, quand elle entend la respiration qui change, qui ralentit. Elle mesure alors l’effet de son massage, sa réception par la silhouette allongée – elle sent qu’elle donne du « bon », savoure ce ressenti. Coline aime son métier et c’est passionnant de l’écouter parler de ses gestes, de ses mains.
Ses mains : justement, c’est là d’où est venu le problème. Une douleur dans le pouce, inexpliquée. Un nerf, disent les médecins. Il a fallu réduire le nombre de massage. Réfléchir à une seconde activité, complémentaire. La réponse s’est imposée assez vite. Coline continuera à s’occuper des corps. Elle a trouvé un autre moyen de les guider vers le bien-être. Coline finit sa formation et se prépare à donner des cours de danse. De la salsa pour être précis.
La salsa, complémentaire du massage ? Elle rigole. La danse a toujours fait partie de sa vie. Petite, elle prenait des cours de classique. En grandissant, elle a tenté d’autres styles, est tombée amoureuse de la salsa. Pour sa sensualité, sa beauté, les codes qu’il faut faire siens avant de pouvoir les faire bouger. Dans la danse, comme dans le massage, il est question de lâcher-prise. De sortir du tumulte de la tête. D’expérimenter une autre liberté. De se connecter à cette force de vie qu’on possède tous, là, au creux du ventre. Et puis, surtout, rentrer dans la texture du moment présent, par le corps, par les sensations. Un cours de salsa, c’est intense. On en sort vidé, et par ce vide même, on est plein.
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