M’Chroniques n°20 – MÊME DANS LE CHAOS
- octobre 29, 2020
- by
- Mathilde Vermer
La traversée du désordre s’est étalée sur plusieurs mois. Chamboulement lié à un déménagement retardé, puis une installation dans un appartement qui réclamait d’abord des travaux. Un peu de peinture, un peu d’électricité, un peu de plomberie, une cloison à ériger, des fenêtres à changer pour renforcer l’isolation. Sur le papier, rien de très long, rien de très difficile. Des travaux, une année d’épidémie : un projet qui s’est révélé épique, inconfortable, stressant, un projet qui a compliqué mon travail, qui a semé la zizanie dans mon planning, qui a épuisé mon énergie.
Enfin, ça se finit, les cartons sont tous vidés, les meubles sont disposés là où il le faut, et j’ai passé plusieurs journées à tout trier, classer, ranger. Une obsession d’organisation qui me permet de connaître une situation inédite : j’habite dans un logement où chaque chose est à sa place, avec des bibliothèques bien agencées où j’ai ordonné les ouvrages selon leur genre littéraire. Grande satisfaction…
Je sais bien que c’est futile ce délire de structure, car vite, très vite, le mouvement reviendra, les bouquins comme les objets seront bougés, la vie se réinvitera avec sa confusion, son côté brouillon, tumultueux, et j’en serai tout aussi heureuse. Car j’aime la vie pour les surprises qu’elle apporte. Pour ce que je ne peux pas contrôler. Pour les réponses spontanées qu’elle amène à mes questions, mes esquisses créatives, mes tentatives d’expansion. J’aime le dialogue entre mon monde intérieur et le réel qui vient me bousculer. J’aime cette danse du vivant.
D’ailleurs, la maison elle-même est prête pour la suite : il y a de l’espace vide dans les placards, sur les étagères, dans quelques tiroirs. Il y a de l’espace pour du neuf, de l’inconnu, d’autres traces, des souvenirs futurs, des traductions tangibles d’émotions sensibles.
En constatant ce vide un peu partout, j’ai eu l’impression de saisir un truc : c’est ça le cadeau du chaos. Rebattre les cartes. Nous désencombrer. Nous permettre d’imaginer d’autres façons de vivre. Nous préparer à ce qui vient. Nous pousser à sortir de nos certitudes pour être dans l’accueil de la nouveauté.
Alors, ce jeudi matin, sortant de ma maison rangée pour m’aventurer dans une ville qui va repasser au rythme du confinement, j’ai posé volontairement un pied confiant. C’est à nous de décider dans quel état d’esprit nous nous dégagerons de ce chaos ambiant. C’est à nous de décider ce que nous ferons du vide qui viendra.
Et vous, avec du neuf, vous avez envie d’expérimenter quoi ?
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