Auteure | Conférencière | Coach

M’Chroniques n°9 – MUTUALISER RESSOURCES ET TALENTS

Je vis seule, et je connais mes limites. Si je passe plusieurs jours sans tomber sur une tête aimée, je déprime. Au début du confinement, alors que je n’ai ni famille ni ami.e.s dans un périmètre proche, j’ai senti comme un vertige. Comme me débrouiller pour éviter de dépérir ? Très vite, la réponse s’est imposée : ne pas rester isolée. Très vite aussi, j’ai compris qu’il me faudrait des contacts réels, et pas seulement des coups de fil, des mails, des réunions zoomesques.

La solution est apparue en regardant par la fenêtre. J’habite dans un immeuble de l’Est parisien qui a été construit au début du XXème siècle, quand la capitale avait encore une dimension industrielle. A l’origine, une partie des bâtiments était utilisée comme usine, et le reste abritait les ouvriers – avec au milieu une grande cour. Aujourd’hui, c’est une copropriété qui contient des dizaines de petites surfaces où vivent des personnes seules, des couples, et parfois, si le logement est un peu plus spacieux, une famille. Nous devons être une bonne centaine au total – un village en somme, avec une diversité d’âges, de métiers, d’origines sociales.

Rapidement, j’ai découvert le bonheur d’appartenir à ce village. Car nous sommes plusieurs à avoir ressenti le besoin de tisser des liens. Naturellement, des solidarités sont apparues : faire circuler des attestations auprès des résidents sans imprimante, se dépanner pour les courses, offrir un paquet de farine parce que le supermarché s’était fait dévaliser, se prêter une perceuse ou un outil pour une réparation, mettre en commun tissus et élastiques pour coudre des masques, faire des commandes groupées et responsables auprès de producteurs bio et locaux, se donner des conseils jardinage, etc.

Au fur et à mesure, tout en maintenant les distances nécessaires, il s’est construit une intimité, avec notre grande cour comme point de ralliement. Les enfants ont appris à jouer ensemble sans se toucher, certains adultes ont pris l’habitude de se retrouver pour un café, un apéro, ou quelques étirements de yoga. On fait attention à rester à un bon mètre de sécurité, mais on fait aussi attention à être dans un échange authentique, respectueux, positif. Se soutenir par un sourire, une parole, une blague. Ainsi, des voisins qui se croisaient tous les jours sans se voir, des gens qui se considéraient comme des étrangers sont devenus en quelques semaines des personnes importantes les unes pour les autres. Ce fut une joie d’accueillir la naissance de 2 bébés, c’est un plaisir d’échanger des messages pour se souhaiter les anniversaires, c’est sympa d’admirer les photos des prouesses culinaires de celles et ceux qui d’un coup se découvrent une vocation top chef. On partage le quotidien, le banal, les soucis, on parle, on rit, et on se fait du bien, en se sentant unis dans cette période inédite.

Alors qu’on fête la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’on peut célébrer en pensée ces forces alliées qui sont venues de loin pour nous porter secours, je ressens une immense gratitude pour ces visages souriants, tout près de moi, avec qui j’ai vécu ces quelques semaines – et j’éprouve même un pincement au cœur en pensant aux semaines qui arrivent, sortir à nouveau de l’immeuble, repartir dans la ville, les transports, le tumulte, m’éloigner de ce cocon dans lequel nous avons su habiter ensemble.

Et vous, avez-vous eu l’occasion de redécouvrir vos voisins en cette période ? Laissez un commentaire bienveillant si vous avez envie de dire un mot sur votre vécu.

> Cette publication fait partie de la série 2020 des #MChroniques, M comme Mathilde, M comme Monde, M comme je dis Aime… Mes mots vous plaisent ? Visitez ma page pour de la poésie, des conseils de lecture, et les autres chroniques que j’écris, comme celles de la série 2019 #VersLaPublication, 2018 #NosVies, 2017 #Ailleurs et 2016 #NousReinventer. Beaucoup de contenus pour nourrir votre curiosité et votre sensibilité !

> Pour me laisser un commentaire, retrouvez ce texte sur ma page FB. 

Pas de commentaire

Vous pourriez aimer aussi

Qui suis-je ?

Qui-suis-je
Pour changer le monde : changeons les récits qui circulent. J'ai à coeur de remettre joie, beauté et optimisme dans les imaginaires collectifs.

Newsletter

SUIVEZ-MOI SUR FACEBOOK