C’est normal, dans un premier temps, de se laisser atteindre. Par la remarque acide du collègue, par la mauvaise nouvelle qui modifie les projets, par cette information inquiétante qui passe en boucle à la radio. Nous sommes perméables à nos environnements, à notre époque. La vie nous chahute de mille manières, suscitant des émotions bien humaines – de la colère, du ressentiment, de l’angoisse parfois.

Le problème, en soi, n’est pas d’éprouver ces émotions. Le problème est de patauger dans ces émotions. D’y stagner plus que nécessaire. D’étouffer à cause d’elles. De les laisser envahir notre cerveau au point de déteindre sur nos perceptions et nos actions. Les neurosciences ont révélé l’impact de nos biais cognitifs : ce qui nous contrarie prend plus de place que ce qui nous réjouit. La balance penche plus facilement du côté du négatif.

Aucune fatalité, cependant, face à ce constat. Pour retrouver l’équilibre, pour reprendre contact avec notre confiance, notre sourire, notre envie d’avancer, je crois qu’il faut augmenter la dose de plaisir, chercher l’antidote dans l’émerveillement, rajouter des couleurs pour compenser le gris. Trouver des stratégies qui nous sortent de la sombre rumination. Lancer une chanson et chanter le refrain à tue-tête. Danser avec ses enfants et laisser jaillir le fou rire. Cuisiner un plat réconfortant. Croquer un bout de chocolat. Appeler une personne aimée. Partir courir. Se poser dans un parc et contempler les arbres. Chacun•e sa recette – ce qui compte, c’est de désamorcer la mécanique de l’enfermement dans le pire. Empêcher l’enlisement.

Certains diront que mes propos sont naïfs ou gentillets. Certains seront agacés par ce qu’ils prendront pour une injonction au bonheur. Je crois qu’il n’y a rien de naïf à faire en sorte de muscler sa résilience, parce que c’est un vrai chemin, qui exige du courage. Il n’y a aucune injonction non plus – exposer un point de vue ne veut pas dire l’imposer.

En revanche, à l’heure des grandes urgences collectives, pour trouver des solutions neuves partout où les défis se présentent, je pense que nous avons besoin de toutes les intelligences. Pour contribuer à notre mesure, pour mobiliser notre esprit et nos ressources, j’ai la conviction que c’est important d’aller bien. L’être humain est plus créatif quand il est relativement apaisé. C’est donc une ligne de conduite que j’ai choisie d’adopter et de défendre : cultiver l’accès au bonheur, à la beauté, à la douceur, de façon à participer à la société depuis un endroit où émergent un élan, une force de vie, une bouffée de joie. Personnellement, je suis toujours beaucoup plus inspirée par les gens qui semblent heureux, calmes, confiants. Pas vous ?

> Ce texte fait partie de la série 2022 « de la confiance ». La confiance, en soi, en l’autre, en la vie, je suis convaincue que cela change une trajectoire… Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, des idées lecture, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte.

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Bonne nouvelle : la saison 3 est en cours de finalisation… Diffusion prévue à partir d’octobre : youpi 😉

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