Auteure | Conférencière | Coach

2021 Chronique V11 – VERTU DU VACARME

Comme tous les parents, la gestion simultanée du télétravail et des enfants l’a épuisée. Dans un élan spontané, j’ai proposé à mon amie de garder ses petits, pour qu’elle souffle un week-end, pour qu’elle savoure une parenthèse avec son chéri.

Par un samedi pluvieux, elle me dépose donc ses deux bambins, 3 et 6 ans, un sac contenant des jeux, des pyjamas, quelques vêtements. Je suis à la fois contente d’accueillir ces deux têtes blondes que je connais bien, contente de retrouver leur énergie, leur enthousiasme, leurs rires – et un peu inquiète de la responsabilité que j’ai décidé d’endosser… Vingt-quatre heures, c’est court et long à la fois.

Pas de programme précis, une météo qui limite les sorties, je me dis que je vais me laisser guider par ce qui se présente : les voilà qui font le tour de mon appartement, curieux de parcourir un territoire neuf, ils découvrent un bol tibétain, et nous voici tous les trois à écouter le bol qui sonne et vibre, nous entrainant très loin dans un voyage rêveur. Et puis on revient dans le salon, se régaler d’une tartine, écouter de la musique, se mettre à danser, la sœur et le frère improvisent un spectacle, je les regarde s’inventer des histoires, imaginer des pas élancés, s’attraper, se repousser, recommencer. Je les regarde vivre leur enfance, pleinement, gaiment, et moi-même j’oublie tout le reste, je suis avec eux, dans le vacarme de leur moment de complicité.

La suite n’a rien d’exceptionnelle pour de nombreux parents : jouer aux cartes, profiter d’une éclaircie pour prendre prétexte d’aller chercher le pain, faire un tour dehors, les ramener mouillés, les changer, sécher leurs cheveux… Aucune minute de libre dans ce déroulé, aucun espace pour être ailleurs qu’avec eux, dans la tendresse de leurs paroles, dans leurs apprentissages du monde… Richesse de l’instant présent, et puis besoin d’une pause : les installer devant une vidéo le temps de cuisiner le diner, et zou lire un album, et zou s’habiller pour la nuit, et zou au lit ! Le lendemain, c’est brioche et chocolat au petit déjeuner, se préparer, ranger les affaires, s’amuser un moment au parc puis les ramener chez leurs parents qui nous ouvrent avec le sourire, heureux d’avoir respiré, heureux de revoir leurs trésors….

Au final, cette parenthèse a d’abord été un cadeau pour moi, cette plongée dans leur univers, un univers qui apprécie la beauté d’une fleur, la mignonnerie d’un chien qui passe, la tempête d’une émotion, à distance des obsessions des grands, leur sérieux incessant, les soucis qui peuplent leur esprit.

Évidemment, j’ai bien conscience que j’ai un rôle privilégié quand je m’occupe quelques heures des enfants de mon entourage : je suis la tante, la marraine, celle qui a des réserves de patience, celle qui est marrante, attentive, câline – celle qui n’a pas toutes les obligations et les pesanteurs du quotidien, qui reviennent à la mère et au père. Oui, mais je suis aussi celle qui referme le portail après avoir dit au revoir à toute la famille, celle qui marche seule dans la rue, et qui pose, comme ça, dans un geste mécanique, une main sur mon ventre, ce ventre vide du bébé que je n’ai jamais eu la chance de porter.

Et vous, avez-vous la chance de passer du temps avec des enfants ?

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